Reflet du 82 - N°30 - Octobre Novembre 2013 - 2013
Le service Oncologie Pédiatrique de l'hôpital de Garches menacé de fermeture
Nicole Delépine
Le service Oncologie Pédiatrique de l'hôpital de Garches menacé de fermeture
Le docteur Nicole Delépine dénonce le basculement de notre système de santé, montre comment la convergence des intérêts politiques au service des marchés financiers, des lobbys médicaux et de l'industrie pharmaceutique, a conduit une OPA sur le marché du cancer. Elle appelle à une prise de conscience des enjeux et des mécanismes de destruction de la médecine française, interpelle les politiques, attire leur attention sur l'occultation des conflits d'intérêt. Elle revendique la dignité de soigner! Fille de l'un des fondateurs de la Sécurité Sociale, Nicole Delépine est responsable de l'unité d'oncologie pédiatrique de l'hôpital universitaire Raymond Poincaré de Garches (APHP). Thérapeute engagée, elle a déjà publiée « La face cachée des médicaments », « Ma liberté de soigner » et « Neufs petits lits au fond du couloir » aux éditions Michalon pour défendre en cancérologie pédiatrique une médecine de pointe, humaine et personnalisée. A voir pour en savoir plus :
www.nicoledelepine.fr
Et
https://www.facebook.com/pages/Nicole-Delepine/552496864812134
Voir aussi une pétition adressée à la Ministre de la Santé :
http://www.avaaz.org/fr/petition/
« Il se trouve qu'en France les pédiatres sont devenus très autoritaires envers les familles et solidaire entre eux. Le grand maitre de la pédiatrie en France entre 1970 et 2000 nous avait expliqué à l'ouverture de l'hôpital parisien Robert Debré en 1988, la règle que nous devions accepter pour être adoubés : « la pédiatrie est une et indivisible ». Tout refus menait à l'exclusion du groupe assorti de diffamation et dégradation de fait, et assassinat professionnel. Ainsi, en oncologie pédiatrique, nous nous battons depuis plus de 30 ans pour continuer à pouvoir utiliser les traitements éprouvés efficace chez les enfants atteints de cancer. Pourtant, les médecins doivent obéir et les parents aussi. En oncologie, de nombreux parents ont été signales au juges pour refus des traitements proposé par les centres anti-cancéreux. Quand aux médecins « hérétiques », notre petite unité asphyxie en reste le dernier bastion vivant en oncologie pédiatrique, les autres furent progressivement éliminés. Si le combat actuel n'est pas gagnés, nous le seront également !
Le reste de la pédiatrie semblait longtemps protégé de ces excès mais l'apparition de médicaments ciblés, issus de la recherche en génétique, a élargi les indications de ces traitements émergents couteux d'efficacité à démontrer. Le profit lié à ces nouvelles molécules a attiré les autres spécialités... Pourtant, les drogues sont les mêmes qu'en cancérologie d'où la présence légitime de Coralie dans notre unité de pédiatrie a orientation oncologique. Si les parents refusent, ils s'exposent aux pratiques utilisés en cancérologie : menace du juge des enfants, de mise sous tutelle et placement des enfants si le refus « traitement », c'est-à-dire du traitement imposé sans choix alternatif à la famille, et refus de prise en charge par les autres centres français qui se soutiennent entre eux, d'où « l'errance » de Coralie après le refus de l'essai thérapeutique. Je cite souvent l'exemple tragique d'un petit patient breton mis sous tutelle les temps d'une amputation, une semaine. Ensuite, le juge a levé la tutelle mais la jambe était coupée...
Coralie quant à elle, a dû s'expatrier au frais de sa famille au canada pour recevoir des traitements que les rhumatologues universitaires français auraient largement pu lui proposer. En conséquence, la famille est harcelée, menacée et doit de plus s'occuper des récupérer des fonds pour aller de l'autre côté de l'atlantique pour trouver la compétence associée à l'humanité qu'on lui refuse ici... coupable de refuser le totalitarisme médical.
Les patients vont à l'hôpital public pour recevoir des soins et non pour servir de cobayes a des essais. En tous cas, ils doivent être informé et libre de refuser, sans risquer les rétorsions subies par la famille de Coralie, comme celle de nombreux patient connus personnellement. L'Histoire de Coralie, du combat de ses parents pour échapper à la machine à détruire le libre arbitre, est malheureusement banale... Alors oui le parcours du combattant de Coralie et de sa famille est aussi dramatique que la maman le décrit, douloureux, couteux, scandaleux, mortifère car personne ne peut y « croire » comme lorsque nous-mêmes, ou les associations qui nous soutiennent, exposons la réalité du traitement des cancers en France. Un monopole, des robots et basta ! Et pourtant nous en sommes là, et l'histoire de Coralie est exemplaire. Elle mérite d'être aidée car au-delà des difficultés financières, administratives et pratiques, sa famille se sent mise à l'index des gens « normaux »... Ils subissent un traumatisme psychoaffectif chronique qui les tuent à petit feu et n'en sorte jamais indemnes même s'ils obtiennent apparemment gain de cause. Il leur faut une force de caractère exceptionnelle pour ne pas flancher mais reste meurtris à vie. Ces personnes méritent notre admiration et bien sûr toute l'aide possible sur tous les domaines. Elles ont la conscience d'une société malade. Aidons-les à résister et à nous sauver tous de la dictature qui nous menace ! ».
Nicole Delépine