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Publication sur Atlantico - 2013
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Plan cancer : la fabrication d'un péril national, synonyme de budgets faramineux pour les laboratoires
Nicole Delépine

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Plan cancer : la fabrication d'un péril national, synonyme de budgets faramineux pour les laboratoires


Nicole Delépine explique que la convergence d'intérêts politiques et de lobbies médico-pharmaceutiques a conduit à une OPA sur le cancer : la transformation d'un fléau relatif en péril national. Extraits de "Le cancer, un fléau qui rapporte"



nicole delepineEntre 1980 et 2005, la mortalité par cancer a diminué de 24 % chez l'homme, 22 % chez la femme. Contrairement aux assertions d'un certain nombre de négationnistes du traitement du cancer (2), la guerre contre le cancer n'a pas été perdue, même si de toute évidence elle n'est pas gagnée.

Selon l'InVS (3) et l'INCa, le nombre de nouveaux diagnostics de cancer en France métropolitaine a été en 2011 de l'ordre de 207 000 chez l'homme, 158 500 chez la femme, et celui des décès respectivement 84 500 et 63 000. [...]

Mais le cancer peut-il être vaincu ? Sûrement pas ! Ce sera de longs siècles de jeu du chat et de la souris. Quoiqu'il en soit le traitement du cancer sauve actuellement plus de 50 % des patients atteints (quitte à recevoir des traitements lourds et désagréables), et les guérit (4). Le nier relève de l' obscurantisme à moins que ce ne soit une volonté marketing pour promouvoir d'autres approches.

Les motivations de ceux qui alertent la population sur une "épidémie de cancer" qui n'existe pas sont variées et proviennent de diverses sources. Réunies, elles peuvent faire croire à la population qu'il s'agit d'une réalité, d'un péril imminent et justifier l'intérêt que lui portent les politiques comme s'il était nouveau, en plein essor et menaçant à court ou moyen terme. Les promoteurs de l'épidémie et de l'escroquerie sortent vainqueurs. Qui sont-ils ? Multiples et variés, médiatisés ou dans l'ombre, lobbyistes rampant.

Quelques pistes cependant :

- Les multinationales pharmaceutiques en perte de vitesse dans les années 90 ont réactivé les peurs ancestrales de la maladie qu'il faut prévenir et traiter. Traiter les bien portants par des examens préventifs, vacciner à large échelle ou prescrire des dosages de marqueurs par millions chaque année.

- Les lobbies des médecines naturelles et toutes méthodes dérivées -, sport, sophrologie, hypnose.

- Tous les écoeurés des relations avec la médecine académique dont le comportement hautain et autiste éloigne des traitements conventionnels pourtant souvent efficaces.

Le cancer est devenu la nouvelle téléréalité qui fait monter l'audimat. Combien d'émissions médicales par jour ? Et pour que cela paie, il faut évidemment que ce soit grave, très grave, presque insoluble. Le milieu de la communication, plus largement, bénéficie de ce lobby. Comment accepter que les grandes institutions, comme les centres anticancéreux, les centres privés ou publics d'hospitalisation, aient recours à des communicants professionnels ayant non seulement pignon sur rue mais aussi sur Internet et dans les ministères ?

Quand on connaît le prix des campagnes de pub que paieront ces établissements de soins inclus dans les prestations in fine payées par la Sécurité sociale, c'est indécent et contraire à la déontologie qu'on n'hésite pas à rappeler au médecin isolé dans sa campagne, créateur d'un site Internet. Que penser des liens suspects entre politiques, directeurs d'hôpitaux quand ils ont les mêmes communicants ?

La construction politique d'un fléau social : le cancer, priorité nationale et le monde de l'argent

La transformation d'un fléau relatif en péril national associe politiques au plus haut niveau et représentants des académies de médecine, chirurgie, biologie, et institutions Inserm, Cnrs etc. qui y trouveront leurs intérêts. L'obtention de budgets souvent faramineux en lien avec le plan cancer pour de nombreux laboratoires sera une aubaine ainsi que pour les innombrables agences dérivées qui vont naître et recevoir des allocations très significatives (5). [...]

Pour mettre en place un plan cancer, publicité d'une politique volontariste, il fallait faire face à un ennemi emblématique. Il fut dénommé "tueur" dans le rapport Neuwirth (7) de 2001 sur la politique de lutte contre le cancer. Ce rapport concrétisait les angoisses récentes sur la politique du cancer en France et les propositions des centres anticancéreux pour organiser d'une main de fer le traitement du cancer dans notre pays. Le rapport Neuwirth en 2001 affirmait : "Le cancer est le principal défi auquel est confronté notre système de santé publique." Il se basait, pour faire peur, sur l'augmentation du nombre des cancers en France expliquée en grande partie par le développement discutable des dépistages. Par contre la diminution de mortalité qui aurait dû rassurer la population n'était pas soulignée.

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2. Articles de journaux, radio, livres, nombreux sites Internet.
3. Institut de veille sanitaire, "Projection de l'incidence et de la mortalité par cancer en France en 2011", rapport technique, juin 2011.
4. J'entends par "guéri" l'absence de toute maladie décelable par les moyens sophistiqués actuels chez un patient dont les probabilités de décès lié à ce cancer sont équivalentes en pourcentage au risque de décès de la population globale du même âge, toutes causes confondues.
Plus simplement, les cancérologues parlent de guérison après cinq ans de première rémission complète : patient apparemment guéri après ses premiers traitements et n'ayant pas rechuté depuis cinq ans. Certains organisent de grandes fêtes dans les services pour fêter cette guérison symbolique.
5. Voir rapport 2012 de l'IGF sur les agences de l'État.
7. Rapport d'information n° 419 rectifié fait au nom de la Commission des affaires sociales par la mission d'information sur la politique de lutte contre le cancer par M. Lucien Neuwirth, sénateur. PV du 27-06-2001.

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Extrait de Le cancer : un fléau qui rapporte, aux éditions Michalon, p.41



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