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Nicole Delépine - 2013
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L'oncologie pédiatrique libre et indépendante à nouveau en péril
Nicole Delépine

L'oncologie pédiatrique libre et indépendante à nouveau en péril







nicole delepineLe service d'oncologie pédiatrique de Garches est en sursis... Une pétition a été créée pour contester la fermeture de cette unité unique en France, signez !

De nombreux mails, messages lettres ou appels téléphoniques me demandent "pourquoi" ? Notre unité garchoise, spécialisée en oncologie pédiatrique, est chère aux patients qui viennent y chercher une prise en charge réellement individualisée. De fait, pour "le bon sens" du commun des mortels, pourquoi s'acharner à faire disparaitre cette petite unité adoptée par les malades ? Ils devraient être le centre des préoccupations des directions hospitalières et ministérielles. Mais je parle en dinosaure de la médecine hippocratique, probablement.

Une prise en charge individualisée des patients

La caractéristique de notre unité est de proposer des soins adaptés à chaque patient. En plus des essais thérapeutiques, nous lui offrons l'information et le choix sur des traitements éprouvés, dont les résultats sont publiés depuis longtemps et reproductibles par un médecin fidèle au serment d'Hippocrate. Le Ministère de la santé a sauvegardé et même agrandi notre service dans la dernière décennie car nous représentons une alternative de médecine dite académique (enseignée à la faculté) et en accord avec le code de santé publique qui accorde au patient le libre choix de son médecin.

Nos patients viennent chercher chez nous une prise en charge individualisée. Leur cas sont divers : que le bouche-à-oreilles leur ait permis de nous connaitre d'emblée ou qu'ils viennent pour un deuxième avis quand une décision brutale d'amputation ou l'annonce d'un pronostic fatal à court terme tombent sur les parents et le patient. Parfois aussi – et trop souvent – quand on veut leur imposer un passage en soins palliatif, signifiant une mort à court terme... mort parfois accélérée par les médecins dans l'incompréhension des familles.

En notre absence, et devant le monopole totalitaire mis en place dans le traitement du cancer, les familles n'auraient d'autres recours que les médecines dites parallèles – qui sont plus souvent une aide pour supporter le traitement qu'une solution curative. Les patients ont le droit au choix de leurs traitements y compris les nôtres.

Une politique de traitement du cancer totalitaire

Les adversaires de notre unité sont les défenseurs à tout crin des essais thérapeutiques au prétexte de la science et de la recherche, mais surtout de l'industrie pharmaceutique. Ils transforment le médecin en chercheur d'autorisations de mises sur le marché, allant à l'encontre de l'intérêt du patient. Les autres sont des "suiveurs" qui répètent ce qui se dit ou, le plus souvent, se taisent, bien conscients que notre médecine risque un crash à court terme tant le patient est devenu un objet de convoitise pour les essais et non plus le centre de nos préoccupations.

Dans "Le cancer : un fléau qui rapporte" (Michalon 2013), j'ai tenté d'expliquer le monopole du traitement du cancer par l'Institut National du Cancer, sous la houlette de la couteuse et dictatoriale Haute Autorité de Santé et des Agences régionales d'hospitalisation. Ce sont essentiellement des bureaucrates qui décident de notre santé en cancérologie et bientôt dans les autres spécialités. Les médecins de terrain sont de moins en moins entendus et doivent appliquer les diktats sous peine d'être exclus du système, des réseaux accrédités par les Agences régionales de santé, seuls autorisés à soigner les cancers avec le même "protocole" pour tous, nouveau terme pour parler d'essai thérapeutique.

Alors ceux qui résistent doivent être éliminés, comme dans toute dictature, ce dont notre système de santé prend de plus en plus le chemin… De nombreux services de chirurgie et de radiothérapie ont été interdits de traitement du cancer par la bureaucratie au mépris des compétences des soignants et des souhaits des patients – fortement exprimés par des pétitions, des manifestations, des résistances de toute nature… le plus souvent en vain. D'autres, bénéficiant de toute l'expertise nécessaire, ne reçoivent pas l'autorisation de délivrer la chimiothérapie. Le fait du prince et de ses copains ou coquins…

Notre service asphyxié

Actuellement, seul l'argent compte. Pourtant, l'unité est rentable pour l'hôpital lui-même. Alors pourquoi l'asphyxier par la diminution progressive de ses moyens humains et matériels, de sa capacité en lits ? Par le discours déprimant, auprès du personnel médical autant que paramédical, concernant l' "avenir" de l'unité après mon départ en retraite ? Par le harcèlement au quotidien, dans les détails ou les priorités, comme le non-renouvellement de la cadre de santé adoptée par tous, ou encore le retard – ou le refus – à l'embauche de nouveaux médecins ?

L'unité peut survivre ! Mes collaborateurs font tourner la maison depuis belle lurette et sont tous aguerris depuis plusieurs décennies. Mais nous n'avons pas de jeunes médecins (cela leur est interdit : s'ils viennent chez nous, la validation de leur spécialité leur est refusée), pas d'internes, pas d'externes, pas de chefs de clinique… D'autant plus que mes collègues et moi-même n‘avons pu être nommés universitaires, donc former directement des élèves (sauf via des publications ou à l'étranger, où la liberté de soigner est un peu moins étranglée). Aucun jeune mais encore une équipe de médecins dans la force de l'âge, capables de soigner les patients. Ces derniers en témoignent d'ailleurs à longueur de pages sur Facebook : "sos-lenny.net", "soutien à l'oncologie pédiatrique de Garches", etc.

Une pétition pour le maintien de notre unité

La bureaucratisation de la santé en marche est digne des pays totalitaires et détruit progressivement tous les pans de la médecine. Le site "Les médecins ne sont pas des pigeons" en témoigne. Notre unité est symbolique de cette résistance.

Fin juin 2013, une pétition a été lancée par des patients et les associations "Amétist" et "Regarde la vie" sur Avaaz. Il faut une nouvelle fois attirer l'attention des pouvoirs publics sur le risque de disparition de cette unité devenue unique à l'hôpital public, et ce malgré sa reconnaissance en 2004 par le Ministère de la Santé lui-même.

Il faut être le plus nombreux possible auprès de nos associations et signer, faire signer, partager la pétition pour que nous arrivions plus forts à la table des négociations. Merci à tous pour nos petits patients et l'honneur de la Médecine.

Retrouvez la pétition pour le maintien du service du docteur Delépine en suivant ce lien




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